14 mars 2025
Avec un adjudication de 5,07 millions de francs, un agriculteur argovien a acheté à la mi-mars 2025 une ferme lucernoise de 25 hectares dans le cadre d'une vente aux enchères judiciaires publiques. L'estimation du bureau des poursuites était de 3,9 millions de francs, le gagnant ayant donc payé environ 30 % au-dessus de la valeur officielle, obtenant ainsi une exploitation entièrement gérée dans un emplacement de choix.
« Ce fut une enchère animée d'environ 15 minutes, près d'une centaine d'intéressés ont vécu la tension dans le gymnase. »
Date | Événement |
---|---|
2022 | Conflit intra-familial: le père surendette délibérément l'exploitation pour empêcher la reprise par son fils. |
21. 12. 2024 | Le journal lucernois fait état de la procédure judiciaire imminente « Trou dans le droit foncier agricole ». |
14. 03. 2025 | Augmentation publique offre maximum 5,07 millions CHF. |
29. 04. 2025 | Le service cantonal de l'agriculture et des forêts (Lawa) refuse provisoirement l'autorisation d'acquisition en raison de prix excessif. |
Mai 2025 - en cours | Procédure de recours devant le tribunal cantonal et éventuellement le tribunal fédéral pour clarifier l'obligation d'autorisation. |
La vente judiciaire est régie principalement par la loi sur la poursuite pour dettes et la faillite (SchKG, art. 135 ss). Parallèlement, pour les biens immobiliers agricoles, s'applique obligatoirement la loi fédérale sur le droit foncier agricole (BGBB). Cette dernière exige qu'un achat soit soumis à une autorisation (art. 61 al. 1 BGBB), y compris lorsque l'achat se fait dans le cadre d'une vente aux enchères judiciaires.
Le BGBB poursuit trois objectifs principaux:
« En principe, il s'agit de mettre en doute la légitimité du déroulement de cette vente judiciaire, ce qui aurait pour conséquence un contournement des dispositions de la loi fédérale sur le droit foncier agricole. »
La vente aux enchères illustre le champ de tension entre prix du marché et objectif de régulation. D'une part, l'adjudication de 5,07 millions CHF montre que les exploitations agricoles productives en position de cote centrale en Suisse ont une grande attractivité sur le marché. D'autre part, l'État intervient de manière régulatrice via le BGBB pour prévenir l'exode des prix des terres. Du point de vue des investisseurs, l'acquisition offre néanmoins un potentiel:
Le droit de préemption des descendants s'applique-t-il également en cas de ventes judiciaires?
Oui, néanmoins au prix d'adjudication complet (§ 42 BGBB), ce qui est ici devenu l'obstacle décisif.
Chaque enchérisseur doit-il fournir un dépôt de garantie pour l'achat?
En règle générale, 10 % du prix offert ou un montant minimum fixe, à déposer sur place en espèces ou sous forme de garantie bancaire.
Le plus offrant peut-il intenter une action en justice pour obtenir l'autorisation?
Oui. Dans le canton de Lucerne, le tribunal cantonal décide, puis le tribunal fédéral à Lausanne (section de droit administratif).
La vente réussie de la ferme lucernoise montre que les ventes judiciaires dans le secteur agricole, bien que rares, peuvent être tout à fait prometteuses. Elles allient dynamisme économique et cadre juridique strict qui limite la spéculative sur les prix fonciers et les stratégies de contournement. Qui se prépare de manière réfléchie, comprend les chiffres et respecte le droit foncier peut, comme dans le cas présent, tirer d'une situation apparemment difficile une success story, au bénéfice du développement des entreprises, de l'agriculture régionale et, enfin, des créanciers.
14 février 2025
1 février 2025
1 mai 2025
25 janvier 2025